jeudi 16 février 2017

Damoclès de Fatou Ndong

Pendant les premières pages, je n'étais pas certaine d'aimer ce livre. Le timing n'était pas bon. Après André Brink et Dominique Fortier, le manque de travail d'édition autour du livre de Fatou Ndong était trop évident à mes yeux de lectrice devenue très, et sans doute trop, exigeante. Coquilles et paronymes étaient un peu trop nombreux pour moi. 

Et pourtant... je ne suis pas prête d'oublier ce livre ! 


Je me suis permise de débuter ce billet par les très petits bémols que comporte cette publication pour renforcer encore plus ce que je souhaite en dire : 


CE LIVRE DOIT ÊTRE LU PAR LE PLUS GRAND NOMBRE. 


Les années 1962/1963 sont ici vues depuis Jackson au Mississippi à travers les yeux des jeunes de la ville. 

Comme tous les jeunes, ils se retrouvent au café pour discuter, comme tous les jeunes, ils connaissent les premiers et si forts sentiments amoureux, comme tous les jeunes ils s'interrogent sur leur avenir, comme tous les jeunes, ils voient leurs parents évoluer dans la société et ne savent plus trop s'ils veulent leur ressembler ou pas. Comme tous les jeunes...

Mais bien sûr certains d'entre eux sont blancs et d'autres sont noirs. Cela change-t-il quelque chose ? 

Pas vraiment certains jours où, par exemple, tous doivent se rendre au bal des finissants et tous ont mis pour ce grand événement leur plus beaux habits.

Totalement à de nombreux autres moments, où l'épée de Damoclès se fait terriblement plus menaçante au-dessus de leurs têtes.

Statue de Medgar Evers à Jackson

Medgar Evers, Emmet Till, Martin Luther King, tous sont évoqués ici par l'auteure de manière simple, documentée et percutante. J'ai parfois posé le livre le temps de reprendre mon souffle tant l'impact me renversait.

La fin du roman arrivant, on se dit qu'il restera gravé dans notre mémoire et qu'il est un document essentiel pour continuer de parler de cette période « de l'histoire » qui doit être évoquée, transmise, pour ne jamais être oubliée.

Et puis, il y a un dernier nom que Fatou Ndong mentionne à la toute fin, en épilogue... James Anderson Craig... c'était aussi à Jackson... en 2011.


Les détails de l'affaire se trouvent ici.

... a crime they thought was in Mississippi's past: the murder of a man just because he was black.

Merci Fatou Ndong du fond du coeur pour ce livre qui, je le redis ici,
doit être lu par le plus grand nombre. Nous sommes l'histoire.

Cette lecture correspond à la colonne PERSONNE CONNUE de ma première ligne pour ma participation au :


4 commentaires:

  1. Bonjour! C'est effarant cette violence. Je ne connaissais pas du tout cette oeuvre. J'ai lu un roman récemment qui n'est pas le sujet principal mais l'action se déroule dans ces années-là et on voit justement cette ségrégation, du Kuklusclan. (Il s'agit de Beignets de tomates vertes de F. Flagg)

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    1. Cette violence est insoutenable en effet, car en dormance partout, toujours.
      C'est une jeune auteure, je crois que c'est son deuxième livre. Ce qu'elle a réussi à faire est vraiment très fort; on est face à un mélange entre « Happy Days » (vraiment ! les jeunes vont tous ensemble savourer des milk-shakes) et un aspect documentaire sobre et percutant. Ce petit bouquin ne paie peut-être pas de mine, mais c'est un véritable brûlot.

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  2. Tu me donnes très envie! J'espère le lire un jour, ça a l'air passionnant!

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    1. Pour moi, ce livre fait partie de ces joyaux qui passent totalement inaperçus faute d'avoir attiré l'attention d'une véritable maison d'édition. Alors, si mon petit blog peut donner un coup de pouce, ça me fait terriblement plaisir.

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